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Malheureusement, les internationales qui créaient une solidarité planétaire des travailleurs ont dépéri ; les aspirations qui les nourrissaient ont ressuscité à travers les ébauches dispersées, mais significatives, qui, en divers lieux, se dessinent pour qu'apparaisse une société civile dont la formation serait une étape importante dans l'émergence de la société-monde. Ce qui manque pour qu'une société-monde puisse se constituer, non comme parachèvement planétaire d'un empire hégémonique, mais sur la base d'une confédération civilisatrice, c'est, non pas un programme ni un projet, mais les principes qui permettraient d'ouvrir une voie. Ici prend sens ce que j'ai appelé anthropolitique (politique de l'humanité à l'échelle planétaire), et politique de civilisation. Ceci doit nous amener tout d'abord à nous défaire du terme de développement, même amendé ou amadoué en développement durable, soutenable ou humain.

L'idée de développement a toujours comporté une base technique-économique, mesurable par les indicateurs de croissance et ceux du revenu. Elle suppose de façon implicite que le développement techno-économique est la locomotive qui entraîne naturellement à sa suite un "développement humain" dont le modèle accompli et réussi est celui des pays réputés développés, autrement dit occidentaux. Cette vision suppose que l'état actuel des sociétés occidentales constitue le but et la finalité de l'histoire humaine. Le développement "durable" ne fait que tempérer le développement par considération du contexte écologique, mais sans mettre en cause ses principes ; dans le "développement humain" le mot humain est vide de toute substance, à moins qu'il ne renvoie au modèle humain occidental, qui certes comporte des traits essentiellement positifs mais aussi, répétons-le, des traits essentiellement négatifs.

Aussi le développement, notion apparemment universaliste, constitue un mythe typique du sociocentrisme occidental, un moteur d'occiden-talisation forcenée, un instrument de colonisation des "sous-développés" (le Sud) par le Nord. 

Le développement, tel qu'il est conçu, ignore ce qui n'est ni calculable ni mesurable : la vie, la souffrance, la joie, l'amour, et sa seule mesure de satisfaction est dans la croissance (de la production, de la productivité, du revenu mo-nétaire). 

Défini uniquement en termes quantitatifs, il ignore les qualités, les qualités de l'existence, les qualités de solidarité, les qualités du milieu, la qualité de la vie.

En outre, le PIB (produit intérieur brut) comptabilise comme positives toutes les activités génératrices de flux monétaires, y compris les catastrophes comme le naufrage de l'Erika ou la tempête de 1999, et ignore les activités bénéfiques gratuites. Sa rationalité quantifiante en est irrationnelle. Le développement ignore que la croissance techno-économique produit du sous-développement moral et psychique : l'hyper-spécialisation généralisée, les compartimentations en tous domaines, l'hyperindividualisme, l'esprit de lucre entraînent la perte des solidarités.

Le développement engendre une connaissance spécialisée qui est incapable de saisir les problèmes multidimensionnels. L'éducation disciplinaire du monde développé apporte bien des connaissances, mais elle détermine une incapacité intellectuelle de reconnaître les problèmes fondamentaux et globaux. La notion de développement doit à mon sens être remplacée à la fois par celle d'une politique de l'humanité (anthropolitique) que j'ai depuis longtemps suggérée et par celle d'une politique de civilisation. La politique de l'humain aurait pour mission la plus urgente de solidariser la planète.

Ainsi une agence ad hoc des Nations unies devrait disposer de fonds propres pour l'humanité défavorisée, souffrante, misérable. Elle devrait comporter un Office mondial de médicaments gratuits pour le sida et les maladies infectieuses, un Office mondial d'alimentation pour les populations dénuées ou frappées de famines, une aide substantielle aux ONG humanitaires. Les nations riches devraient procéder à une mobilisation massive de leur jeunesse en un service civique planétaire partout où les besoins s'en font sentir (sécheresse, inondation, épidémies). Le problème de la pauvreté est mal estimé en termes de revenus ; c'est surtout celui de l'injustice dont souffrent les pauvres, qui devant la malnutrition, la maladie, sont démunis, comme ils sont démunis de respect et de considération. Le problème des démunis, c'est leur impuissance devant le mépris, l'ignorance, les coups du sort.

La politique de l'humanité serait en même temps une politique pour constituer, sauvegarder et contrôler les biens planétaires communs. Alors que ceux-ci sont actuellement limités et excentriques (l'Antarctique, la Lune), il faudrait y introduire le contrôle de l'eau, ses rétentions et ses détournements, ainsi que les gisements pétroliers. La politique de l'humanité serait corrélativement une politique de justice pour tous ceux qui, non occidentaux, subissent le déni des droits reconnus par l'Occident pour lui-même.

La politique de civilisation aurait pour mission de développer le meilleur de la civilisation occidentale, d'en rejeter le pire, et d'opérer une symbiose de civilisations intégrant les apports fondamentaux de l'Orient et du Sud. Cette politique de civilisation serait nécessaire à l'Occident lui-même. Celui-ci souffre de plus en plus de la domination du calcul, de la technique du profit sur tous les aspects de la vie humaine, de la domination de la quantité sur la qualité, de la dégradation de la qualité de la vie dans les mégapoles et de la désertification de campagnes livrées à l'agriculture et l'élevage industriels qui ont déjà produit bien des catastrophes alimentaires.

Le vaisseau spatial Terre est propulsé par quatre moteurs associés et en même temps incontrôlés ; science, technique, industrie, capitalisme (profit). Le problème est d'établir un contrôle sur ces moteurs : les pouvoirs de la science, ceux de la technique, ceux de l'industrie doivent être contrôlés par l'éthique, qui ne peut imposer son contrôle que par la politique ; l'économie doit non seulement être régulée, mais elle doit devenir plurielle en comportant les mutuelles, associations, coopératives, échanges de services.

Une société-monde a besoin de gouvernance. Une gouvernance démocratique mondiale est actuellement hors de portée ; toutefois les sociétés démocratiques se préparent par des moyens non démocratiques, c'est-à-dire des réformes imposées. Il serait souhaitable que cette gouvernance s'effectue à partir des Nations unies qui ainsi se confédéreraient, en créant des instances planétaires dotées de pouvoir sur les problèmes vitaux et les périls extrêmes (armes nucléaires et biologiques, terrorismes, écologie, économie, culture). Mais l'exemple de l'Europe nous montre la lenteur d'un cheminement qui exige un consensus de tous les partenaires. Il faudrait une montée soudaine et terrible de périls, la venue d'une catastrophe, pour constituer l'électrochoc nécessaire aux prises de conscience et aux prises de décision. C'est dire qu'il faudrait œuvrer dans le sens d'un civisme planétaire, d'une émergence de société civile mondiale, d'une amplification des Nations unies.

A travers régression, dislocation, chaos, désastres, la Terre-Patrie pourrait surgir, non se substituant aux Patries, mais les enveloppant. Des obstacles énormes s'opposent à cette vision. La tendance à l'unification de la société-monde suscite des résistances nationales, ethniques, religieuses, qui tendent à la balka-nisation de la planète, et l'élimination de ces résistances supposerait une domi-nation implacable.

Il y a surtout l'immaturité des Etats nations, des esprits, des consciences, c'est-à-dire fondamentalement l'immaturité de l'humanité à s'accomplir elle-même.

Il faudrait, à la faveur de la civilisation mondialisée, que surviennent de grands progrès de l'esprit humain, non tant dans ses capacités techniques et ma-thématiques, non seulement dans la connaissance des complexités, mais dans son intériorité psychique. Il est clair à nos yeux (à nos yeux seulement) qu'une réforme de la civilisation occidentale et de toutes les civilisations est nécessaire, qu'une réforme radicale de tous les systèmes d'éducation est nécessaire, et il est non moins clair que règne l'inconscience totale et profonde de la nécessité de cette réforme.

Paradoxalement, le schéma d'une politique de l'humanité et d'une politique de civilisation que nous avons dessiné, bien qu'il corresponde à des possibilités matérielles et techniques, est une possibilité réelle actuellement impossible. C'est pourquoi l'humanité demeurera longtemps en douleur d'enfantement, ou d'avortement, quelle que soit la voie qui s'imposera.

 

Edgar Morin

 

mars 2002  

 

 

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