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Les
quatre recueils des Vedas sont suivis de leur cortège de com-mentaires,
les BRAHMANAS.
Ceux-ci
ouvrent le caractère investigateur, déjà en marche dans les SAMHITAS.
Si
l’essentiel des analyses portent sur l’étude des rites,
certains brâhmanas comme les âranyakas « traités
forestiers » ouvrent sur l’aspect méta-physique du
culte et des hymnes.
Ils
précisent les significations, non pas des cultes, mais de ce
qu’est le culte. Ainsi, le sacrifice "rituellique"
se mue en méditation (upâsana)
qui le remplace en suivant un formalisme aussi précis que celui
du rite visible.
La
mutation des apparences rituelles vers le pôle de l’esprit
s’effectue dans les âranyakas.
Le
VEDANTA s’en saisissant l’érigera en doctrine. Il fondera
sur Upâsana une méditation sans objet, où l’esprit humain découvre
sa nature intime par la contemplation.
Avec
les âranyakas,
se clôt l’ère des rituels visibles du VEDA, le « Karma
Kânda », pour ouvrir le « Jnâna Kânda », la
parie du HAUT SAVOIR.
Les
Upanishads font suite aux Brâhmanas, en y amenant une épuration
totale.
Ils
rejettent les cultes et les systèmes compliqués des Upâsanas
(méditation).
Le
cœur des Upanishads est de méditer simplement sur la
connaissance du principe suprême, BRAHMAN.
Cependant,
bien souvent, les Upanishads se différencient difficilement des
Aranyakas. Parfois, ils ne sont que des chapitres d’un Brâhamana.
L’ISHA UPANISHAD par exemple empiète même sur les brâhmanas,
et fait partie d’une Samhitâ.
Le
nombre des Upanishads est traditionnellement de 108. Mais leur
composition n’est pas terminée, et on peut supposer qu’un
rishi moderne puisse encore en formuler. La coulée du VEDA ne
s’interrompt pas disait Aurobindo, et à son propos, son œuvre
maîtresse, SAVITRI
pourrait
raisonnablement être intégrée aux Upanishads et être donc
SHRUTI, révélation védique.
INTERPRETATIONS
Les
Brahmanas qui interprètent, cherchent à trouver une
signification aux actes et aux circonstances les plus
insignifiants. Tout doit trouver une explication par la
pertinence de l’intelligence et de la logique. Et c’est avec
une minutie maniaque et une exigence sans faille que cette tâche
est menée.
Dans
les dieux aux multiples bras, entourés de nombre de symboles,
tout est important, et tout est signifiant. Le regard artificiel
peut ne voir là que paganisme et superstition, alors qu’une
logique supérieure et sans faille a présidé à ces échafaudages.
Cette
exigence sur les formes se retrouve également sur les mots et
leurs significations.
Le
prêtre supérieur qui écoute ses collègues et les corrige ne
le fait pas mu par un dogmatisme lié à la forme, mais en
s’appliquant sur le respect du fond.
En
Inde, le mot n’est pas distinct de la pensée qu’il véhicule
en structure sonore.
Le
mot et son signifié ne sont qu’un en final.
D’ou
le soin méticuleux qui entoure la lettre des textes.
C’est
ainsi que ces textes nous sont parvenus entiers et intacts, des
milliers d’années plus tard, alors que la transmission ne se
faisait que verbalement.
CULTE
pré-UPANISHADS
Le
sacrifice dans le védisme est une sorte de porte de
communication avec les Dieux. On en distingue deux
formes :
·
Solennel :
rassemblant des prêtres dont le nombre peut atteindre 16, et le
sacrifiant (yajâmana), qui paie les officiants, et assiste de
manière totalement passive au rituel. Ce culte solennel se déroule
au grand air, autour de trois autels sur lesquels brûle un feu.
C’est dans ce feu que réside AGNI, le dieu messager des
autres dieux. C’est AGNI qui porte aux autres dieux les
offrandes qu’il consume, ainsi que les prières des
sacrifiants.
·
Domestique :
Ce rituel est privé, pratiqué en famille au domicile, sous la
responsabilité du chef de famille.
Le
culte védique est essentiellement celui de l’offrande du
SOMA, suc représentant l’essence de la vie universelle. Dans
de nombreux hymnes le soma est régulièrement déifié.
Les
sacrifices du Soma mettent en mouvement des prêtres de 3
catégories :
1.
Le HOTRI,
spécialiste des hymnes du Rig Veda,
2.
L’UDGATRI,
se
penchant sur les chants du Sama Veda,
3.
L’ADHWARYU,
qui exécute
les actes rituelliques, en les accompagnant des paroles du Yajur
Veda.
L’ensemble
du sacrifice est étroitement surveillé par le plus érudit des
prêtres, le brahmane qui connaît tous les Vedas.
Il
corrige à l’occasion, « guérit », pour que le
sacrifice soit valable.
A
côté de ces prêtres majeurs, il y a celui qui fait ses
humanités dans les bréviaires de l’Atharva Veda, on
le nomme Purohita.
Il équivaudrait à un curé de paroisse.
D’autres
grands sacrifices existent conjointement à celui du Soma, comme
celui très impressionnant de l’ASHWA-MEDHA,
uniquement réservé au roi, ou ceux consacrés aux phases
lunaires.
A
part dans l’ASHWA-MEDHA, ou le sacrifice est sanglant
par l’immolation d’un cheval, le culte sacrificiel du Veda
est globalement poétique, le Soma, le beurre clarifié, les
fruits terrestres…sont offerts dans le feu au son des hymnes
chantés dans les hauts lieux.
|
CONCLUSION
|
Cet
essentiel, somme toute sommaire ne fait qu’effleurer la
richesse, et en volume et en subtilités des Vedas. En disant
qu’ils contiennent toute la connaissance du monde, les hindous
ne se trompent pas. Mais elle est enfouie, attendant le voyant
qui viendra la déflorer.
Et
l’Inde est toujours en quête du « lumineux » qui
lui donnera un nouvel aperçu de ces textes sacrés. Bouddha,
Shankara, Vivekananda, Ramana Maharishi, Aurobindo, pour les
plus célèbres ont apporté leurs pierres, mais le grand livre
est toujours ouvert à ceux qui en détiennent la clé mystique.
Car
que de mystères élucidés en lisant les Vedas. Les
épopées bibliques trouvent leurs sources dans les Vedas,
prouvant là que la parole divine est récurrente, et non
unique, ni limitée à des peuples autoproclamés élus !
Citons
pour exemple la légende d’Harishchandra qui conte par le
menu, quelques millénaires avant la Bible, son histoire du
sacrifice d’Abraham, ou celle de Shunahshepa donnant la
version hindoue du déluge de Noé, cela, une fois de plus, bien
avant l’existence de la Bible.
Aucun
domaine de la vie n’est ignoré des Vedas. Certaines
descriptions creusent de manière étonnante les détails. Vie
sociale, politique, science, etc…
Citons
pour finir que nos « découvertes » ne sont que des
redécouvertes de vérités dévoilées dans les Vedas. La terre
est ronde ! Ils le savaient déjà il y a 11 000 ans !
©
M. LAMINE - CENTRE SHRI AUROBINDO France – mars 2000