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Il a grandi à l'étranger, loin de chez lui, loin de ses
racines et de sa culture, et ne parle même pas le Bengali sa
langue maternelle, alors qu'il peut couramment s'exprimer dans
sept langues européennes.
Sorti de Cambridge, il postule, pour répondre au vœu de
son père, à l'examen d'entrée aux métiers des hauts
fonctionnaires des colonies, ce qui était vraiment le maximum
autorisé qu'il pouvait espérer en tant qu'indien.
Là aussi il se "promena" proprement pendant la
partie théorique des épreuves.
Son père, entre temps, informé des atrocités commises
par les Anglais en Inde, lui écrivit pour le prévenir.
Aurobindo ne se voyait pas être un fonctionnaire anonyme dans
la gigantesque machine administrative bri-tannique, ni servir
le mécanisme colonial d'oppression.
Alors il fit quelque chose d'étonnant, il décida de rater
la seconde partie de ses épreuves, qui consistait à
prouver que l'on savait monter à cheval.
Pour ce fait, il ne s'y présenta pas. Dans semblables cas,
le candidat était tout de même accepté, surtout au vu de
son exceptionnel parcours.
Mais le gouvernement, au courant de ses activités et de
ses idées gauchistes et indépendantistes trouva là, ce qui
l'arrangea, une bonne occasion de le rejeter, au grand dam de
ses différents professeurs et du secrétaire d'état pour
l'Inde, Lord Kimberley qui disait que Mr Ghose eut été un
apport d'importance pour le service.
De par son forfait, Aurobindo se trouva
de facto sans emploi à
venir.
Mais le destin parfois fait bien les choses, le gouverneur
de Baroda en Inde, de passage à Londres, ayant entendu parler
de lui et de son étonnant parcours universitaire se lia
d'amitié avec lui, et lui offrit un emploi dans son état.
C'est en 1893, à l'âge de 21 ans, qu'il rentrera enfin en
Inde, après avoir passé 14 de ses années de sa courte
vie en
Angleterre.
Il ne reverra plus son père, mort
de n'avoir pu supporter une nouvelle annonçant le naufrage
du bateau sur lequel devait être son fils. Ce fut sur
le bateau suivant qu'Aurobindo embarqua.
En posant le pied sur la terre indienne en débarquant du
bateau à l'Appolo bunker de Bombay, il subit sa première
expérience mystique: Une Paix vaste et calme descendit
sur lui, et dès ce jour, ne le quitta plus jamais.
Mais
pour l'heure, sa seule préoccupation sera de com-mencer à travailler.
Comme
convenu, il entre le 8 février 1893 au service du gouverneur de l'état
de Baroda, en enchaînant différentes tâches,
pour finir comme secrétaire personnel du gou-verneur. C'est lui qui écrira ses discours -
discours si bien tournés que personne ne crût
que le gouverneur eut pu les rédiger tout seul.
Après
le service du gouverneur, il devint professeur de
français au Lycée de Baroda (aujourd'hui
Vadodara), puis en devint le
vice-principal.
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C'est à Baroda qu'il
entreprendra de se plonger dans l'étude
de la culture indienne, et de combler son déficit en la
matière, après toutes ces années à l'étranger.
Et en vorace étudiant qu'il est resté, il apprit en même
temps, l'Hindoustani, le Marati, le Bengali, sa langue
natale, le Gujarati et le Sanskrit.
Il lit également tous les écrits sacrés, maintenant dans
le texte, comme le Mahabharata, le Ramayana, ou le
Bhavabhuti. Il en devint aussi expert qu'il l'était déjà
sur Homère ou Dante.
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